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L’art encré de Magiic Art’s

L'art encré de Magiic Art's
© D.R.

Né à Lyon il y a 27 ans, Magiic Art’s grandit au Robert. Le dessin est une passion familiale. Artiste protéiforme, ses œuvres se déclinent tant sur la peau que sur les murs. Créateur de la Maison des tatoueurs à Fort-de-France, il est membre du collectif Mada Paint et propose à la vente des œuvres uniques, au carrefour de ses origines caribéennes et de ses influences street art.

Votre style unique vous rend facilement reconnaissable tant sur toile qu’en tatouage. Peut-on dire que le graffiti est le berceau de votre talent ? 

En effet, tout a commencé grâce à mon ancienne prof d’arts plastiques et amie, Anne-Catherine Berry. À sa demande, les membres du collectif Mada Paint étaient venus faire une démonstration. Je devais avoir 13 ans, j’ai touché ma première bombe de peinture en aérosol et le graffiti a été une révélation. J’ai ensuite été lauréat du concours scolaire national de dessin artistique Mixart, ce qui m’a fait partir à Paris. Au lycée, j’ai multiplié les occasions de dessiner. Même lorsque je me suis investi dans le tatouage professionnel, j’ai continué à dessiner en parallèle. 

Votre inspiration provient de vos origines et de votre environnement : cette créativité se nourrit d’éléments très complémentaires… 

J’ai la culture hip-hop chevillée à l’âme ! Je dansais beaucoup à un moment donné, je rappais même, je m’inspirais des productions noires américaines. Cependant mes influences viennent aussi d’artistes locaux qui actuellement sont dans Mada Paint, ainsi que le groupe de rappeurs I pa ka fé la fet et mon entourage proche avec mon frère. En grandissant j’ai fait en sorte de m’approprier ma culture afro-caribéenne. Je me questionne sur les notions d’identité, de marronnage, sur les enjeux du métissage… Cela a forcément influencé mon art. J’ai eu une grosse introspection artistique pendant le Covid avec des symboles répétitifs que je dessinais instinctivement. J’ai décidé de leur donner un sens et de les perfectionner. À présent je dirais que ma spécificité artistique est associée à ce style identitaire inspiré de la culture amérindienne et à l’écriture symbolique que j’ai créée : le magico. 

Comment s’est amorcé votre virage vers le tatouage ? 

En 2015, après un cursus à rebondissements en communication visuelle et plurimédia, je me challenge en partant à Lyon. J’apprends le graphisme et les arts appliqués, mais au fond de moi j’ai envie de créer. À l’époque il n’y avait pas de formation officielle, le seul diplôme existant était celui d’hygiène et de salubrité. Après avoir galéré pour trouver un stage pratique pour acquérir les bases, je suis tombé sur un tatoueur trentenaire en réinsertion. Un autre tatoueur, Van, va me faire bosser le tatouage sur divers supports : peaux d’orange, de banane et de cochon puis, la peau des potes…(rires) Une fois rodé, j’investis dans du matériel de tatouage pour travailler à domicile. 

En 2021 vous fondez la Maison des tatoueurs. Cette page s’est récemment tournée en décembre 2023. A posteriori qu’avez-vous le plus apprécié ? 

J’ai aimé le tatouage dans le rap- port à l’autre. On ne vendait pas un tatouage au client, on faisait en sorte de lui faire vivre une expérience. Les dessins uniques étaient adaptés aux individualités. Le challenge résidait dans la création personnalisée, dans les dessins jouant sur les volumes et l’asymétrie des corps. J’ai conscience de la responsabilité qui m’incombait : le tatoué est marqué à vie par le tatoueur, le tatouage devient un vrai totem intime. La peau est vivante en tatouage contrairement à la toile et au mur en graffiti.

Quelles sont les spécificités du tatouage en Martinique ?

La demande a évolué et touche à présent toutes les classes sociales. Les styles chicanos, japonais, polynésien rencontrent beaucoup de succès. Je déplore qu’il n’y ait pour le moment pas de tendance caribéenne reconnue selon moi.

En 2024, vous retournez à vos premiers amours, le dessin et le graffiti. Quels projets souhaitez-vous développer ?

J’ai en effet retrouvé à plein temps mes passions premières : le street art et la peinture sur tous types de supports. Mes plans s’intègrent dans le collectif de graffeurs de Martinique Mada Paint. Chacun d’entre nous a sa propre vibe et sa signature, mais nous sommes capables de faire une fresque ensemble comme si nous n’étions qu’une seule personne. Cette année nous allons transmettre notre savoir-faire et allons donner de l’impulsion à des talents qui n’osent pas se lancer. Nous développons aussi des idées avec différents partenaires (collectivités, entreprises…) 

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