Richard Trèfle l’homme qui habille les regards

Richard Trèfle l'homme qui habille les regards

Richard Trèfle (42 ans) est un designer créateur lunetier qui exporte à travers le monde les montures de sa marque made in Guadeloupe, Bellatrix. Retour sur le parcours d’exception de cet enfant de Mortenol. 

QU’EST-CE QUI VOUS A CONDUIT À L’OPTIQUE ?

– Le hasard, en fait. J’ai quitté l’école très tôt avec, en poche, un CAP/BEP électro-technique. Je m’y ennuyais. Je suis allé travailler dans un fast-food, à Pointe-à-Pitre. Jusqu’au jour où j’ai réalisé que ce que je voulais, c’est la chemise, le pantalon et le job qui va avec. Et aussi m’acheter une voiture neuve qui ne sente pas le hamburger, ni la friture. Alors j’ai postulé chez un opticien de la rue Frébault (Krys), qui m’a pris à l’essai. Je n’y connaissais rien, mais j’étais très manuel et ils avaient besoin de quelqu’un à l’atelier. C’est comme ça que tout a commencé. 

COMMENT S’EST PASSÉ VOTRE APPRENTISSAGE, VOTRE DÉCOUVERTE DU MÉTIER ?

– J’ai appris à tailler et à monter les verres, mais j’ai eu envie d’en savoir encore plus, alors au bout de deux ans et demi, je suis parti chez une autre enseigne, qui avait une approche plus artisanale, plus artistique du métier. Encouragé par ma compagne, j’ai passé des examens à distance tout en travaillant (CAP de monteur lunetier et BTS d’optique). C’est après que j’ai eu le déclic et l’envie de me lancer dans la création de montures. Je suis parti me former dans le Jura, à l’école des meilleurs ouvriers de France. Dès le premier jour, j’ai eu le coup de foudre pour ce métier.. 

COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE DE CRÉER VOTRE MARQUE EN GUADELOUPE ?

– Dans cette école, j’ai rencontré André Chaudier, décorateur de montures. Il m’a pris sous son aile et m’a transmis son savoir. Il m’a dit : «Mais pourquoi ne créerais-tu pas ta marque en Guadeloupe ?». A l’époque, j’étais encore salarié et je ne me voyais pas en chef d’entreprise. Là encore, c’est ma compagne qui m’a aidé à franchir le pas. La Maison Bellatrix est née, en 2015, à force de ténacité – c’est d’ailleurs le sens de son nom en latin. J’ai démissionné l’année d’après et je me suis lancé dans la fabrication de montures 100 % fait main. J’étais le premier à faire ça en Guadeloupe. 

COMMENT AVEZ-VOUS FAIT POUR VOUS DÉMARQUER, IMPOSER VOTRE STYLE ?

– J’ai voulu donner à Bellatrix une identité locale, une touche caribéenne. Ma première monture, je l’ai fabriquée avec du tissu madras et ça a beaucoup plu. L’idée, c’était d’intégrer des matériaux naturels de Guadeloupe. Par exemple de la fibre de coco. Les gens ont aimé, alors j’ai continué avec du sable. Et ça a été un nouveau succès. On 

vient de créer une nouvelle collection avec de la canne à sucre. Et là, je m’intéresse à la feuille de banane. C’est leur originalité qui fait le succès des montures Bellatrix et aussi le fait qu’elles soient personnalisables. Nous adaptons leur colorimétrie en fonction de la peau et du visage. Nous proposons des modèles uniques, du sur-mesure…. 

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