Touloulou, du carnaval guyanais

L’association La Pompadour assure la préservation et la valorisation du patrimoine traditionnel carnavalesque de la Guyane, et notamment du touloulou, symbole du bal paré-masqué.

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© D.R.

Marie-Line Cesto-Brachet, membre de l’office Carnaval Peyi Guyane, est l’une des gardiennes du patrimoine carnavalesque guyanais. Cette costumière hors-pair réalise des tenues traditionnelles et des costumes de touloulous depuis 1988. Dans son atelier de confection à Matoury, devenu association en 1999, une centaine de toilettes d’antan et près de 200 robes de carnaval attendent d’être portées. Les vêtements qu’elle crée, aidée de quelques bénévoles, sont destinés à la vente ou à la location pour des manifestations culturelles, animations, soirées, expositions ou conférences.

Tous les bénéfices sont dédiés au fonctionnement de l’association et aux déplacements à l’étranger. Inscrit au patrimoine culturel immatériel national depuis 2017, le touloulou, créature aussi mythique que mystérieuse, élégante et romantique, inspire Marie-Line depuis ses années d’étudiante. Elle milite, avec d’autres passionnés, pour le classement du carnaval guyanais et de son héroïne emblématique, au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. « J’ai appris à coudre avec ma mère, mais mes parents n’étaient pas carnavaliers. Pendant longtemps, le carnaval est resté quelque chose de très intimiste, secret. On se déguisait dans des cadres privés. » Comme beaucoup d’autres, Marie-Line commence à s’intéresser au carnaval au retour de ses études dans l’Hexagone. Dans les années quatre-vingts, sous l’impulsion d’une jeune génération désireuse de valoriser le territoire et ses coutumes, le carnaval commence à sortir dans la rue et à devenir populaire. « Quand j’ai assisté à mon premier bal paré-masqué, deux choses m’ont subjuguée, se souvient la costumière, la sensualité des danses et les tenues. » À l’époque, le costume traditionnel est inspiré des robes antillaises. Amples, longues et multicolores, on les appelle « rivières salées ». Certaines femmes revêtent aussi des « gol », des tenues composées d’une tunique et d’un jupon blanc brodé. Marie-Line, influencée par des vieux catalogues glanés chez les bouquinistes parisiens, va révolutionner la toilette du touloulou en lui apportant cette fameuse touche princesse qu’on lui connaît aujourd’hui. Fini les robes droites, la taille est resserrée, le tissu plus brillant et les volants font leur apparition. Une nouvelle mode est lancée.

Aujourd’hui, le carnaval est devenu une institution à laquelle participent toutes les communautés. L’association La Pompadour, aux côtés d’autres instances, s’évertue à promouvoir cet événement au-delà de son aspect purement économique et touristique. Ce sont la tradition, l’histoire et les valeurs de ce folklore unique au monde que Marie-Line entend préserver et transmettre. « Il y a des dérives, déplore-t-elle. De plus en plus de jeunes femmes cherchent à être reconnues. Le bal paré-masqué est devenu plus sexuel que sensuel. » C’est pour préserver l’élégance et le romantisme du touloulou face à des comportements qu’elle juge inappropriés que la couturière a d’ailleurs édicté des règles et créé les Dix commandements du Touloulou !

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© D.R.

L’origine du touloulou
Apparu au XIXe siècle, le terme touloulou désignait les femmes portant un loup qui faisaient le tour de la salle de bal pour choisir leur cavalier. Un « tour le loup » qui serait finalement devenu « touloulou ». Issu de la culture créole guyanaise, le personnage du touloulou a été créé au moment de l’abolition de l’esclavage et permettait de se jouer des bourgeoises de l’époque, toujours endimanchées quel que soit le jour de la semaine. Le déguisement permettait également de casser les
barrières sociales et ethniques grâce à l’anonymat permis par les tissus amples des robes, les gants et les masques. Ce n’est qu’au XXe siècle que le touloulou perd son rôle caricatural pour devenir un personnage exclusivement féminin et mystérieux qui hante les bals parés-masqués à la recherche d’un cavalier pour danser.
(Source : Guyane-Amazonie.fr)

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