Les jeux olympiques et les jeux paralympiques se sont succédés dans la ville lumière cet été. Paris fut le théâtre des olympiades les plus somptueuses et les plus mémorables de l’histoire, reconnaît-on unanimement. La France y a tenu son rang avec la très large contribution de ses athlètes ultramarins.
Dans la soirée du dimanche 8 septembre, le patron de cette gigantesque organisation planétaire, Tony ESTANGUET, invitait le public présent à la cérémonie de clôture à dédier aux acteurs de la fête l’ovation la plus « dingue » et la plus « longue ». C’était le clap de fin de près de deux mois d’exploits, de dépassement de soi, de communions humaines et sportives, d’échanges, de partages et d’émotions en tous genres.
Lors de ces jeux, l’outremer fut particulièrement à l’honneur et la Guadeloupe singulièrement.
Il n’aura pas échappé aux observateurs que l’hymne olympique, lors de la deuxième phase de la manifestation, fut interprétée par la jeune guadeloupéenne malvoyante multi-instrumentiste et chanteuse de talent Luan POMMIER. La protégée du célèbre chanteur lyrique martiniquais Fabrice Di Falco fit sensation et donna l’étendue de sa technique, seule au piano.
Quelques temps auparavant c’est une autre guadeloupéenne, la mezzo-soprano Axelle SAINT-CIREL qui avait interprété la Marseillaise lors de la mémorable cérémonie d’ouverture des jeux olympiques. Cette interprétation historique sous-tend la haute symbolique de l’allumage de la vasque olympique par les légendes vivantes que sont Marie-Josée PEREC et Teddy RINER. La Guadeloupe s’en trouve encore honorée.
Ce prestige se retrouve également dans le choix du sélectionneur de l’équipe nationale de football Thierry HENRI. C’est en effet, le Désiradien des Ulis champion du monde 1998 qui conduit l’équipe de France bis U23 à la conquête de l’Argent, en s’inclinant 5 à 3 face à l’Espagne en Finale. Lancés en compétition avant même la cérémonie d’ouverture, les footballeurs français offraient d’emblée une honorable et prometteuse victoire à leurs fans survoltés face aux Etats Unis 3 à 0. Le tout sous la capitainerie d’un autre guadeloupéen, Alexandre LACAZETTE, premier à débloquer le compteur.
Même sort pour le rugby à 7 et la délégation française qui fait une entrée précoce en compétition et, coïncidence, aussi contre les Etats Unis. Sous les ovations d’un public parisien totalement acquis à sa cause. Les rugbymans français décrochent l’Or.
Que dire de la performance prévisible et attendue de Teddy RINER ?
Champion olympique de judo en individuel et champion olympique par équipe mixte. Le Guadeloupéen et ses coéquipiers (dont certains ultramarins) n’ont même pas laissé de miettes du festin à leurs malheureux mais valeureux adversaires japonais. Les judokas français livrèrent une version exemplaire de solidarité et de cohésion qui inversa brusquement le cours du jeu. Grâce notamment à la remarquable détermination de Romane DICKO, Sarah-Léonie CYSIQUE, Joan-Benjamin GABA et bien sûr Teddy RINER, à la conclusion pour définitivement terrasser le colosse japonais Tatsuru SAITO. Au bout de l’exploit…l’OR.
La Guadeloupe reconnaissante manifesta sa fierté au champion, lors de sa brève incursion aux sources dans un déboulé carnavalesque.
La Guadeloupe fut omniprésente à ces jeux avec des fortunes diverses et récoltant des métaux divers.
Rudy GOBERT et ses amis de l’équipe de France de basket ne purent contester l’or aux Américains. Battus 98-87 en finale, ils durent se contenter de l’Argent. Le Basket-Fauteuil n’aurait pas fait grise mine si ce métal lui avait été proposé lors du tournoi paralympique. Le Pointe-Noirien Audrey CAYOL capitaine de cette sélection n’a engrangé que des défaites avec ses pairs. Pourtant l’équipe a montré un beau potentiel qui autorise de l’ambition pour Los Angeles , dans quatre ans. L’Athlétisme Français a été l’un des grands naufragés de cet évènement historique. Le hurdler guadeloupéen Wilhem BELOCIAN n’est pas parvenu à se hisser au niveau des meilleurs mondiaux sur 110 mètres haies. Une déconvenue de plus pour le prodige du Lamentin en Guadeloupe qui fut champion du monde cadet puis junior, sur cette distance, et détenteur du record du monde de ces catégories. Il échoue en 13’’52 centièmes en ½ finales après avoir signé 13’’45 centièmes en repêchage. Les Etats Unis peuvent représenter un nouvel objectif pour le Lamentinois mais l’âge ne joue pas en sa faveur. A l’opposé Rénelle LAMOTE, à défaut de médaille, s’est bien comportée sur les deux tours de piste. L’originaire de la belle commune de Deshaies, primée au national, s’offre une honorable 5ème place en finale olympique du 800 mètres dames, en 1’58’’19 centièmes. Il est admis de dire qu’elle a ainsi joué dans la cour des grandes, en livrant cette copie de haut niveau.
En Paralympique, la Martiniquaise Mandy FRANCOIS-ELIE n’a pu rééditer ses performances de Rio et de Tokyo qui l’avaient placée sur le podium. La native du Lamentin en Martinique se classe 5ème de la finale du 100 mètres plats féminin en 13’’ 67 centièmes. Elle est également à cette même place de 5ème en finale du 200 mètres et de la longueur dames handisport.
Ordinairement pourvoyeuse de titres pour la France, l’Escrime fut très discrète lors des tournois successifs. Ce fut la Bérézina pour nos habituels champions. Accumulations d’échecs et de déceptions en individuel comme par équipes. Les drapeaux sont en berne. Les Enzo LEFORT, Ysaora THIBUS et autres Luidgi MIDLETON et Marie-Florence CANDASSAMY sont collectivement peu inspirés et subissent les assauts de leurs adversaires en individuel. Yannick BOREL décroche cependant l’Argent en épée. Première médaille individuelle pour le Guadeloupéen après son titre par équipe à Rio. Honneur sauf pour Enzo LEFORT qui lui aussi décroche le bronze du fleuret par équipe.
Un même métal peut parfois prendre des teintes particulièrement remarquables. La médaille d’Or en surf du jeune Tahitien de 22 ans Kauli VAAST semble correspondre à cette assertion. C’est un évènement inédit qu’un français ravisse cette couronne. De fait la Polynésie Française inaugure une nouvelle ère. Victoire d’un autochtone à domicile. Ce sacre est symbolique à plus d’un titre. Le TALK SHOW quotidien de 2 heures QUELS JEUX coprésenté par les journalistes Léa SALAME et Laurent LUYA, sur les chaînes publiques, fut une magnifique caisse de résonnance pour égrainer les performances et les médailles françaises, à l’échelle nationale et internationale. Ces fréquentes piqûres de rappel n’ont pu que formater à foison notre disque dur.
Les 70 sélectionnés de l’Outremer ont porté haut les couleurs de la France. 10 500 athlètes composaient la délégation Française pour les jeux olympiques et 4400 sportifs celle des paralympiques.
La France a fait le plein de médailles et atteint ses objectifs lors des deux compétitions. Il y a à coup sûr un nouveau challenge à relever. Les éventuels candidats ont quatre ans pour s’y préparer. Le rendez-vous est à Los Angeles.
ORI MENEL