Propos recueillis par Ori Menel.
2024 s’annonce comme une année déterminante dans la carrière de Romuald Raboteur, en pleine ascension sportive et sur la voie du grand rendez- vous estival de Paris. Mais le handi-judoka garde la tête froide, à quatre mois seulement des prochains Jeux paralympiques. Il se donne les moyens de mériter son nouveau statut de favori mondial de la catégorie des plus de 90 kg.
À 40 ans Romuald Raboteur ambitionne objectivement une médaille à Paris. Nicolas Moradel affirme qu’ « il peut viser l’or » et sa mère Sonia promet que toute la famille proche sera dans la Capitale pour l’encourager dans sa conquête du Graal.
Ce jour-là, Romuald nous rejoint à l’heure dite à Jarry. Il est accompagné de sa mère, Sonia, devenue ses yeux et sa conductrice privée depuis qu’une agression à l’arme à feu lui a progressivement enlevé la vue. Ce drame l’a totalement réconcilié avec une discipline qu’il avait découverte comme valide au début de l’adolescence. Le retour à ses premières amours s’effectue de façon boulimique. En 2018, il obtient successivement sa ceinture noire handi-judo et le titre de champion de France en décembre. L’année suivante, il intègre l’équipe de France. Quatre ans seulement après un remarquable come-back.
Il avoue humblement que « tout ceci a été possible grâce aux retrouvailles avec le coach Nicolas Moradel » au Maëda club des Abymes. Le retour dans ce club en 2015 est une véritable aubaine car Nicolas Moradel, en bon disciple de feu Nicaise Laurent (ancien entraîneur, président du club et doyen local du judo) a créé la section form and moov. Cette section aux activités multiples est notamment dédiée aux adhérents en situation de handicap.
De fait Florian 26 ans, Anthony 37, Georges 50 et le doyen Félix ou Bibi pour les intimes partagent les entraînements de Romuald au club. Bibi fut lui aussi champion de France de sa catégorie et manifeste une assiduité et une ponctualité exemplaires… Et le groupe de s’amuser en précisant qu’il arrive régulièrement avec deux heures d’avance aux entraînements. L’atmosphère solidaire entre tous les judokas, valides comme non valides, constitue sans doute l’un des critères de leurs succès individuels et collectifs.
Un bijou dans son écrin
Afin de progresser et de se maintenir au haut-niveau, Romuald est fréquemment appelé dans l’Hexagone ou ailleurs en Europe, pour des stages ou des compétitions. Il a ainsi disputé le grand prix IBSA de judo au complexe municipal Dos Desportos, à Almada au Portugal, en février 2023. Les Brésiliens, véritables épouvantails de la discipline, y étaient fortement représentés mais notre Guadeloupéen de l’équipe de France a fait gripper la machine brésilienne. Champion du monde en titre, Willians Araùjo est en effet éliminé par un Romuald Raboteur d’exception qui va aussi cueillir la médaille d’or de la catégorie. On comprend alors que les sélectionneurs ont pour lui les yeux de Chimène.
À 40 ans Romuald Raboteur ambitionne objectivement une médaille à Paris. Nicolas Moradel affirme qu’ « il peut viser l’or » et sa mère Sonia promet que toute la famille proche sera dans la capitale pour l’encourager dans sa conquête du Graal. ■
