JOCELYN ANGLOMA Au service du football et de la Guadeloupe

JOCELYN ANGLOMA Au service du football et de la Guadeloupe
© Jean-Bernard Valcy

L’ex-international français et ses Gwada Boys ont fait rêver tous les aficionados locaux, il y a moins d’un an, lors du tournoi de la Gold Cup en Floride. Depuis sa retraite précoce du haut niveau et son retour à ses premières amours, d’abord à l’Etoile de Morne-à-l’Eau, Jocelyn Angloma se consacre à la sélection guadeloupéenne de football. Avec la réussite au rendez-vous en CONCACAF*. Entretien exclusif pour JOHO.

Jocelyn, voulez-vous bien rappeler sommairement votre parcours à nos lecteurs ?

En Europe, j’ai commencé à Rennes où j’ai joué durant un an et demi avant de partir à Lille pendant quatre ans. J’opte ensuite pour le PSG pendant un an, l’OM pendant trois ans où je gagne la fameuse Ligue des Champions. Successivement après, deux ans au Torino, un an à l’Inter de Milan et cinq à Valence avant de revenir à Morne-à-l’Eau. Parallèlement je suis sélectionné en Equipe de France de 1990 à 1996. Dernier match perdu contre les Tchèques aux tirs aux buts en demi finales de la Coupe d’Europe. 

Votre histoire avec les Gwada Boys démarre de fort belle manière en 2007. On fait appel à vous comme joueur et cette promotion ne sera sortie qu’en demi finales de la Gold Cup, battue 1 à 0 par le grand Mexique. Quel souvenir en gardez-vous ? 

J’ai eu des scrupules à accepter cette place en sélection que j’estimais dévolue à un jeune. Mais je me suis pris au jeu et j’ai joué de 2006 à 2007 dans ce groupe pour terminer sur une belle note contre le Mexique. Ne perdant que lors de cet unique but inscrit à la 85e minute. Pour une Guadeloupe que l’on ne connaissait pas, c’est vrai que nous avons marqué les esprits à cette période. 

Le président de la Ligue guadeloupéenne de football, Jean Dartron, vous confie les rênes de la sélection quelques années après… 

Oui, en janvier 2018 où j’intègre aussi la ligue comme entraîneur des jeunes. Ce qui est mon travail avant tout. Ce poste me donne une ouverture sur l’international et notamment dans la Caraïbe. 

Paradoxalement vos joueurs et vous êtes accueillis comme des héros malgré une élimination face au Guatemala. Comment l’expliquez-vous et dites-nous ce qui n’a pas fonctionné ?

Nous avons eu un beau parcours en matchs qualificatifs pour le deuxième tour. Nous avons pu nous qualifier contre Antigua et le Guyana avant de faire un grand match contre le Canada. C’est quand même l’une des grandes nations de la zone avec le Mexique et les Etats-Unis ! La défaite contre le Guatemala est à mettre au compte de l’euphorie et de l’excès de confiance suscités par la qualité de nos prestations précédentes. Cela nous a fait tomber dans la facilité. Le public a retenu le positif. 

Pour renforcer votre sélection vous faites venir de jeunes joueurs guadeloupéens qui évoluent dans des clubs européens plus huppés que les locaux. 

Mais ça ne se passe pas toujours bien, c’est ça le problème de la Guadeloupe, à l’exemple de Jordan Tell et Matthias Phaëton qui cette année encore ont été rappelés prématurément par leur club, le Grenoble foot 38, en plein tournoi… N’étant pas affiliée à la FIFA (Fédération internationale de football association) elle ne peut pas prendre de décision autonome et doit s’en remettre à la volonté et à la bienveillance des clubs. Ils ne veulent pas toujours libérer les joueurs et quand ils le font ils les rappellent souvent trop tôt. Cette pratique met les joueurs en difficulté. Phaëton a pu aussitôt intégrer une nouvelle équipe, le CSKA Sofia en Bulgarie, mais ce fut plus compliqué pour Tell. Bizarrement ça se passe mieux avec les clubs étrangers. Mais le problème subsistera tant que la Guadeloupe, qui n’est pas reconnue comme nation, ne pourra pas s’affilier directement à la FIFA. Si on continue de faire partie de la CONCACAF, je pense qu’il faudra que les choses changent à un moment donné. C’est une situation négociée qui concerne aussi la Martinique et la Guyane. Nous ne pouvons ainsi pas bénéficier de la part de la FIFA des mêmes moyens que Sainte-Lucie ou Saint-Kitts. Cette participation à la CONCACAF apporte à la Guadeloupe de la visibilité. On parle du pays. Les joueurs ont l’occasion d’être repérés, détectés. Certains en fin de contrat peuvent trouver un club.

Est-ce que l’expérience Gwada Boys profite globalement au football guadeloupéen ?

Le progrès passe aussi par l’amélioration des infrastructures. Voilà vingt ans que je suis revenu, les terrains sont toujours en mauvais état. Il faut aussi que les entraîneurs acceptent de partir en formation. Il faudrait déjà honorer les formations de la LGF. Même si l’argent manque, il faut aussi se donner les moyens. Le progrès est à ce prix. 

 

(*) Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes.

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