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Empreintes indiennes en terre créole

Empreintes indiennes en terre créole
Photographies Jean-Bernard Valcy

La Guadeloupe est une terre de métissage qui s’est nourrie de plusieurs cultures, dont celle de l’Inde. 

Il y a cent-soixante-dix ans, les premiers travailleurs indiens arrivaient en Guadeloupe. « Sur le bateau l’Aurélie, note Jude Sahaï, chercheur en immigration indienne. Il y a eu deux vagues d’immigration. La première venait du Sud de l’Inde. La seconde, du Nord et d’autres régions où on parlait plutôt l’hindi. » Le dernier bateau en provenance d’Inde –leNantes-Bordeaux– a accosté en Guadeloupe en 1889. Jude Sahaï estime à environ 43 000 le nombre d’Indiens qui ont immigré dans l’archipel. 

«Ils sont venus pour travailler dans les plantations de canne à sucre», explique-t-il. Après l’abolition de l’esclavage, en 1848, il y a eu une pénurie de main d’œuvre et les planteurs se sont tournés vers des travailleurs étrangers. En Inde, les candidats au départ y ont vu l’espoir d’une vie meilleure. « Ils avaient un contrat d’engagement de cinq ans renouvelable et gagnaient un maigre pécule. Certes, ils n’étaient pas esclaves, mais les conditions de vie n’étaient finalement pas très éloignées.» 

A la fin de leur contrat, environ un quart sont repartis. Les autres sont restés et ont fait souche. « Ils sont arrivés avec leur style vestimentaire, leurs bijoux, leurs instruments de musique, leurs divinités, leur philosophie, beaucoup de plantes, de graines et d’épices (moringa, vèpèlè, bilimbi, paroka, cumin, curcuma, graine à roussir…) Ils sont devenus une composante de la population guadeloupéenne qui a marqué l’archipel de son empreinte. » 

Colombo et Madras

Parmi les apports les plus significatifs de la culture indienne au patrimoine guadeloupéen, le tissu madras, déjà présent avant 1854. Créé dans la ville éponyme, dans le Sud de l’Inde, il est devenu au fil du temps un tissu représentatif des Antilles associé aux costumes créoles et un symbole culturel. Sans oublier le fameux colombo, devenu aujourd’hui un plat incontournable de la cuisine antillaise. 

L’apport de l’Inde est également présent dans le patrimoine religieux de la Guadeloupe. « On a vu fleurir des petits temples avec des représentations des divinités de leur village de départ et le respect des fêtes associées à leur vie religieuse. Aujourd’hui, ces temples sont essentiellement privés et familiaux. Le plus grand est celui de Changy, à Capesterre-Belle-Eau. » 

Art et lettres

Leur empreinte, les Indiens l’ont également laissée dans le milieu des arts, notamment la musique, indissociable des rituels religieux, « avec des instruments comme le matalon, les talons et le tapou. Les joueurs s’entraînent régulièrement pour performer lors des manifestations culturelles. Il existe un théâtre chanté et dansé appelé nadron, explique Jude Sahaï. Des représentations sont régulièrement données, dont le célèbre Ramayana ». 

Tous ces nadrons ont été couchés par écrit par André Périanayagom, décédé en 2022. « L’empreinte littéraire est également très marquée. Entre documents historiques et œuvres de fiction, de nombreux ouvrages ont été édités avec comme support l’Inde, l’immigration indienne et la vie des Indiens en Guadeloupe. » Jude Sahaï cite en exemple des auteurs tels qu’Ernest Moutoussamy, Arlette Bogat et Francis Ponaman, « l’un des pères de l’indianité ». 

Économie

Mais s’il est un secteur que les Indiens ont, selon Jude Sahaï, particulièrement marqué de leur empreinte, c’est le milieu économique. « Ils voulaient pour leurs enfants une meilleure condition, ils les ont poussés à aller à l’école. » Lorsqu’ils obtiennent enfin la nationalité française (1), « les Indo- Guadeloupéens ont pu acquérir des terrains agricoles et accéder à des métiers plus valorisants. Ils ont évolué socialement au fil des années, de génération en génération ». 

Aujourd’hui, note Jude Sahaï, « beaucoup sont chefs d’entreprise. On les retrouve dans tous les secteurs d’activité (médecine, médias, BTP, transport, fonction publique…) Amoureux de la terre, ils restent très présents dans le secteur de l’élevage et de l’agriculture. Ils continuent de contribuer au développement économique de la Guadeloupe. Et ils participent également à la vie politique à tous les niveaux. On les retrouve à tous les échelons des institutions ». 

En cent-soixante-dix ans, les Guadeloupéens d’origine indienne ont apporté leur pierre au développement de la mosaïque de la société créole. 

(1) Grâce au combat d’un homme – Henry Sidambarom –, les droits civiques des Guadeloupéens d’origine indienne ont été reconnus après vingt ans de lutte.
Le 21 avril 1923, les Guadeloupéens d’origine indienne acquièrent officiellement la nationalité française. 

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