Propos recueillis par Isabelle Chevalier – Photographie J-Bernard Valcy
La bijouterie, Lise Toussay n’est pas tombée dedans quand elle était petite, contrairement à son mari, qui est fils de bijoutier. Et elle n’a pas fait d’école. « Je suis une autodidacte. » Avant d’être bijoutière, Lise a eu un parcours professionnel plutôt atypique, des impôts aux pompes funèbres, en passant par la direction d’un cabinet médical dans l’Hexagone. La bijouterie, c’est venu plus tard, il y a une vingtaine d’années. C’est son mari qui lui a tout appris. « Il créait des bijoux dans son atelier de Pointe-à-Pitre pour plusieurs maisons des Antilles, mais aussi de l’Hexagone. » Comme il était débordé, Lise lui a proposé de l’aider. C’est comme ça que tout a commencé. « Je me suis prise de passion pour ce métier. » En 2005, elle créait son entreprise, Lise Bijoux, à Pointe-à-Pitre. « J’ai appris à créer des bijoux traditionnels (créoles, colliers grain d’or, forçats, gwo sirop…), mais je me suis orientée vers des bijoux plus modernes, qui me ressemblent plus, avec des pierres naturelles. »
RÉPARATION ET RESTAURATION
Lise s’est équipée pour traiter l’or 9 carats. « J’étais la seule bijouterie à le faire. » Et elle a commencé à travailler avec le groupe Titéca-Beauport Finance (TBF), propriétaire des enseignes Grain d’or et Eurogold. « Je faisais du service après-vente (réparation et restauration). Je leur facturais mes services. » Aujourd’hui, et depuis 2014, Lise est chef d’atelier chez TBF. « J’ai monté mon équipe. » Réparation, restauration de bijoux anciens, traitement de surface et sertissage. Lise Toussay et ses collaborateurs sont des experts en la matière. Ils ont de l’or au bout des doigts.
REDONNER VIE AU BIJOU
La chef d’atelier de TBF est la plus expérimentée dans le domaine des bijoux créoles anciens. « Ils appartenaient à la grand-mère ou à l’arrière-grand-mère. On les garde et on les porte pour certaines occasions. » Lise les restaure et, aussi, elle les transforme à la demande des clients qui veulent des bijoux moins vieillots, moins lourds, plus fi ns. « J’aime voir leurs yeux pétiller quand je redonne vie à un bijou. »
BIJOUTIER un métier vieillissant
Aujourd’hui, Lise Toussay constate que si les jeunes générations ont encore un attachement au bijou traditionnel, qui se transmet de mère en fille, elles leur préfèrent les bijoux de marque. Elle constate également le déclin de la bijouterie traditionnelle, en Guadeloupe. « C’est un métier vieillissant, faute de relève. » Elle prend l’exemple de ses enfants, dont aucun n’a choisi ce métier alors qu’ils sont enfants et petits-enfants de bijoutiers. Si la fabrication traditionnelle perd du terrain dans le département, c’est également, explique Lise « parce qu’elle est très lourde, très longue et parce que le prix de l’or a flambé.