Par Isabelle Chevalier.
Joseph Titéca-Beauport, co-fondateur des bijouteries Grain d’Or, s’est éteint à 82 ans, le 6 septembre dernier. Il laisse derrière lui l’image d’un entrepreneur pas- sionné et engagé, d’un homme simple et généreux.
Ses proches se souviennent de Joseph Titéca-Beauport comme « d’un homme de conviction, d’engagement et de courage ». Pour son action humanitaire et économique, Joseph Titéca-Beauport a reçu la médaille de l’ordre national du Mérite.
Difficile de résumer sa vie en quelques phrases tant elle a été riche. Joseph Titéca-Beauport, c’est d’abord l’histoire d’une réussite extraordinaire. Celle d’un fils d’agriculteur, d’un jeune homme un peu turbulent passé par Saint Jean Bosco et qui entre au séminaire, en Alsace, pour faire des études. C’est une étape cruciale dans la vie de Joseph. « Si on ne connaît pas ses débuts et son éducation religieuse, on a du mal à décoder le personnage. C’est une clé importante », explique son fils, Jean-Marc.
Lorsqu’il rentre en Guadeloupe, en 1962, après son service militaire en Algérie, Joseph Titéca-Beauport se passionne pour l’automobile. Il travaille dans plusieurs concessions (Simca, Renault, Peugeot) avant de créer la Soguava (Opel), en 1973, avec Christian Marie. Entre-temps, en 1965, il a épousé Ginette Sheikboudou, , alors employée de bureau. Il l’incite à vendre des bijoux à domicile, puis elle se met à son compte. Et en 1979, le couple ouvre la première boutique Grain d’or, rue Nozières, à Pointe-à-Pitre.
Aujourd’hui, les bijouteries Grain d’Or dominent le marché en outre-mer. « Mon père s’est investi à fond », souligne Jean-Marc Titéca-Beauport, qui a rejoint l’entreprise familiale en 1991 et a créé les enseignes Eurogold. Il dirige le groupe Titéca-Beauport Finance (TBF) avec son frère (Didier) et sa sœur (Yannick). «Joseph nous a fait confiance.» Il a progressivement passé le flambeau à ses enfants. «Il a commencé à prendre du recul au début des années 2000», note Jean-Marc.
Un amoureux de la nature
Même s’il gardait un œil sur le groupe TBF dont il était le président, les vingt dernières années de sa vie, Joseph Titéca- Beauport les a vouées surtout à aider les autres et à l’une de ses grandes passions, l’agriculture. «Il ne pouvait pas ne rien faire. Il était incapable de rester trente minutes au même endroit. Et puis mon père, explique Jean-Marc, avait besoin de rendre à la Guadeloupe ce qu’elle lui avait donné.» Là encore, il s’est investi sans compter. «Quand il pouvait, il faisait et il allait jusqu’au bout.»
Membre actif du Rotary, il participe à de nombreuses actions sociales et humanitaires : achat de manuels scolaires pour les élèves de certains établissements de Guadeloupe, envoi de matériel lors d’événements catastrophiques (tremblement de terre en Haïti, cyclone à la Dominique, explosion au Liban…) Il a également été très actif quand il s’est agi de sauver Saint Jean Bosco et Massabielle. «Il avait une vraie foi religieuse et était très attaché à l’enseignement catholique qui lui avait tant apporté. »
Une grande partie de son temps, ces dernières années, Joseph Titéca-Beauport le passait sur sa propriété de Bône, à Sainte- Rose. «Il a planté des champs d’ananas, des ramboutans et des mangoustans… Il cultivait des fleurs, des légumes et des fruits. Il donnait des paniers à tout le monde. Il avait aussi un élevage caprin. » La terre, c’était son ancrage, ses racines. «Une manière de se rapprocher de son père et de ses valeurs. Joseph, c’était un amoureux de la nature et de la Guadeloupe. Il s’extasiait sur sa beauté. »
