Grèna -la sé patrimwan an nou

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Jean Darin, président de l’association Pasyon Grena, raconte pourquoi cette mobylette Motobécane couleur marron orangé est si chère au cœur des Guadeloupéens. 

« Dans les années 60-70, avoir une Grena, c’était un peu comme avoir une Mercedes maintenant. » Jean Darin

D’OÙ VOUS VIENT CETTE PASSION POUR LES MOBYLETTES
ET PLUS PARTICULIÈREMENT LA GRENA ?

Mon père en avait une, une Bleue. Depuis tout petit, j’aime les mobylettes et entendre leur son. Je me disais que quand je serai grand, j’aurai la mienne. Aujourd’hui, j’en ai trois (*), dont la Grena de mon oncle, que j’ai reprise quand j’avais 19-20 ans. Je l’ai toujours, je la bichonne. Une fois par semaine, je la nettoie et je la démarre. Et elle roule bien, elle fait encore le tour de la Guadeloupe! Avec quelques amis, nous avons décidé, en 2014, de monter une association pour faire découvrir aux jeunes les premiers véhicules de leurs grands-parents et faire revivre la pasyon Grena. 

QU’EST CE QUI A FAIT SON SUCCÈS DANS L’ARCHIPEL ?

La Grena (AV89 Motobécane) était très populaire, en Guadeloupe, dans les années 60-70, plus que la Bleue (AV88 Motobécane). On aimait sa couleur. A l’époque, quand on passait devant un champ de canne, il y avait quasiment autant de mobylettes que de coupeurs. Pareil devant les chantiers de BTP. La plupart des ouvriers en avaient une. On l’utilisait pour aller travailler, pour sortir, se rendre à la messe, etc. C’était le principal moyen de transport. Acheter une voiture, ça coûtait trop cher. Mais il fallait quand même avoir les moyens pour s’acheter sa mobylette. Je me souviens que mon père avait travaillé dur pour avoir la sienne. Je connais des gens qui ont économisé deux ou trois ans. On pouvait aussi la payer à crédit. Parfois, dans les quartiers, il y en avait une qui servait à tout le monde. 

POURQUOI LA GRENA FAIT-ELLE PARTIE DU PATRIMOINE GUADELOUPÉEN ?

C’est une mobylette qui se transmet de génération en génération. Dans les familles, on les garde. Aujourd’hui, ce sont des pièces de collection. A la fin des années 80, on commençait à en voir beaucoup moins. Je pense qu’il doit en rester environ un millier dans toute la Guadeloupe. Mais ça revient. L’association a redonné l’envie, a reboosté la Grena, mais aussi la Bleue. Beaucoup de celles qui étaient «garées» sont en train d’être refaites. Le but, c’est de les conserver le plus longtemps possible pour, à notre tour, les transmettre. 

TROUVER DES PIÈCES,CE N’EST PAS TROP DIFFICILE ?

À un certain moment, c’était compliqué, mais depuis quelques années, il y a de nouveaux fournisseurs. Même si ce ne sont pas des pièces d’origine aussi solides… On peut les acheter sur Internet. Il y a aussi un magasin qui en vend au Moule. En cas de besoin, on peut même trouver des moteurs neufs. Mais, ça a un coût. Pour remettre une mobylette en état de marche, il faut compter, au minimum, 3 000 euros. 

« Elle ne se démode pas »

Grena, quel curieux nom pour une mobylette marron orangé… « En Métropole, on l’appelle la chaudron à cause de sa couleur. Ici, c’est comme cela que les anciens l’ont appelée et c’est resté », explique Jean Darin. L’AV89 Motobécane, importée aux Antilles dans les années 60, devient très vite populaire. Et elle suscite toujours de l’intérêt et de la curiosité sur son passage. 

« Avec l’association, on fait en moyenne une sortie par mois et, sur la route, les gens nous photographient. Elle ne se démode pas! » Pour preuve, de plus en plus de passionnés rejoignent l’association pointoise. « Aujourd’hui, elle regroupe une cinquantaine de membres, âgés de 20 à 77 ans, dont de plus en plus de femmes », note Jean Darin.

La Grena ou AV89 Motobécane, une petite cylindrée de 49,9 cm3, a été produite de 1960 à 2002.

Jean Darin est le président de l’association Pasyon Grena, dont le local se trouve rue Vatable, à Pointe-à-Pitre.

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