Elles réinventent la littérature caribéenne

Une nouvelle génération d’écrivaines émerge dans nos régions. JOHO ouvre ses pages à ces femmes qui nous entraînent dans des balades littéraires riches et variées. 

D’abord connue comme éditrice depuis 2009, passionnée par les cultures des Amériques, en particulier par la littérature brésilienne, dont elle publie les œuvres jugées marginales car issues des minorités raciales ou socioéconomiques, Paula Anacaona se dirige depuis quelques années vers l’écriture. On lui doit notamment Tatou, un premier roman féministe publié en 2018 ; 1492, Anacaona, l’insurgée des Caraïbes, une biographie graphique qui rend hommage à la résistante amérindienne, parue en 2019. 

Les titres de ses collections sont explicites : Urbana, écrire est une arme ; Terra, une terre et ses racines, ou encore Epoca, la diversité des voix contemporaines brésiliennes.
Son militantisme culturel la conduit à publier des textes qui s’inscrivent dans le féminisme décolonial défini par Françoise Vergès. Tel son roman graphique Solitude, la flamboyante (2020). Une libre interprétation de la légende de Solitude, héroïne de la lutte contre l’esclavage en Guadeloupe. Un récit dans lequel Solitude se raconte à la première personne. 

Paula Anacaona publie également les livres de l’autrice brésilienne Djamila Ribeiro, féministe et activiste noire forte de son combat pour les femmes noires qui luttent pour le droit à la vie. 

Bibliographie 

Aux Editions Anacaona : Tatou (2018) – 1492, Anacaona, l’insurgée des Caraïbes (2019) – Gaïa changera le monde (2019) – Solitude la flamboyante (2020) 

Découverte 1 PAULA ANACAONA « Métisser la littérature »

D’abord connue comme éditrice depuis 2009, passionnée par les cultures des Amériques, en particulier par la littérature brésilienne, dont elle publie les œuvres jugées marginales car issues des minorités raciales ou socioéconomiques, Paula Anacaona se dirige depuis quelques années vers l’écriture. On lui doit notamment Tatou, un premier roman féministe publié en 2018 ; 1492, Anacaona, l’insurgée des Caraïbes, une biographie graphique qui rend hommage à la résistante amérindienne, parue en 2019. 

Les titres de ses collections sont explicites : Urbana, écrire est une arme ; Terra, une terre et ses racines, ou encore Epoca, la diversité des voix contemporaines brésiliennes.
Son militantisme culturel la conduit à publier des textes qui s’inscrivent dans le féminisme décolonial défini par Françoise Vergès. Tel son roman graphique Solitude, la flamboyante (2020). Une libre interprétation de la légende de Solitude, héroïne de la lutte contre l’esclavage en Guadeloupe. Un récit dans lequel Solitude se raconte à la première personne. 

Paula Anacaona publie également les livres de l’autrice brésilienne Djamila Ribeiro, féministe et activiste noire forte de son combat pour les femmes noires qui luttent pour le droit à la vie. 

Bibliographie 

Aux Editions Anacaona : Tatou (2018) – 1492, Anacaona, l’insurgée des Caraïbes (2019) – Gaïa changera le monde (2019) – Solitude la flamboyante (2020) 

JENNIFER RICHARD l’histoire par la fiction

Avec des titres d’ouvrages parfois surprenants, comme ceux de ses trois derniers romans publiés chez Albin Michel –Il est à toi ce beau pays (2018), Le diable parle toutes les langues (2021), et Notre royaume n’est pas de ce monde (2022) –, Jennifer Richard, documentaliste télévisuelle de profession, inscrit ses œuvres dans le romanesque, n’hésitant pas dans ses fic- tions à faire appel à des faits d’histoire pour y plonger le lecteur.

Dans la même veine que le très remarqué Il est à toi ce beau pays, sélectionné par plusieurs prix littéraires dont le Renaudot, avec Notre royaume n’est pas de ce monde l’autrice dénonce l’impérialisme et la décolonisation en Afrique. Un ouvrage considéré comme « un contre-récit magistral de l’Histoire officielle ». Une fresque où la romancière convoque des révolutionnaires et des penseurs, tous assas- sinés à cause de leurs idées et de leurs combats.

A travers son fil rouge, Ota Benga –un pygmée d’Afrique centrale, montré comme curiosité à l’exposition universelle de Saint-Louis aux Etats-Unis, puis au zoo du Bronx à New York qui se donne la mort en 1916–, elle réunit des person- nages tels que Che Guevara, Rosa Luxembourg, Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Malcom X, Martin Luther King, Jean Jaurès… dans une espèce de banquet macabre où ils revisitent l’histoire. A souligner les romans jeunesse de l’auteure, trois tomes de Timothée Pacap, délicieux por- trait d’un jeune Guadeloupéen désireux de s’assumer dans sa totalité, et Le chemin de la liberté, biographie de l’esclave Booker T. Washington adressée à des ados.

Bibliographie

Chez Robert Laffont : Bleu poussière (2007) – Requiem pour une étoile (2010) – L’illustre inconnu (2014) Chez Albin Michel : Il est à toi ce beau pays (2018) – Le diable parle toutes les langues (2021) – Notre royaume n’est pas
de ce monde (2022) – Timothée Pacap. 3 tomes (2021-2022) – Le chemin de la liberté (2022)

Découverte 3 MARIELLE SALMIER amour et résilience

Jamais elle ne s’était imaginée autrice et pourtant l’écriture lui est familière et résonne comme une urgence. Cette histoire, celle de son premier roman Je n’ai pas de parents, elle l’a écrite presque d’un trait lors d’un voyage. Le texte cogne, il vous heurte comme la réalité de la vie. 

En 2021 au cours des représentations de Marielle en vrai, un spectacle qui l’a conduite de Cayenne à Avignon, on découvre Marielle Salmier, comédienne, dans un récit de vie qui la met à nu sur scène. 

Quelques mois plus tard, en septembre 2022, elle publie Je n’ai pas de parents, qui ne s’inscrit ni dans l’espace, ni dans le temps. Le livre raconte l’histoire d’un petit garçon délaissé par la vie, recueilli par un SDF, le seul individu auquel Ruben peut se raccrocher. 

Son écriture révèle une personnalité forte, à vif, qui a soif de s’exprimer dans une boulimie de mots, de textes, de vie en somme… Nul doute que Marielle Salmier a encore bien des aspects d’elle-même à nous dévoiler. 

Bibliographie 

Je n’ai pas de parents. Ed. du Mahury (2022) 

Découverte 4 VÉRONIQUE KANOR « J’interroge cet ici où je vis »

Longtemps Véronique Kanor s’est illustrée dans les médias comme réalisatrice, documentariste. Depuis une dizaine d’années, elle publie régulièrement fictions, essais, poé- sie, théâtre, sous le label Up-Poetry qu’elle a créé et qui l’a menée vers une carrière artistique questionnant le monde des afro-descendants. 

Moi, Kadhafi, monologue écrit par Véronique Kanor, mis en scène par Alain Timár et interprété par Serge Abatucci, a été joué cet été au festival d’Avignon tout comme sa performance scénique tirée d’Eclaboussure paru chez Présence africaine en 2021, Je ne suis pas d’ici je suis d’ici. Ce texte alliant poésie, textes, images d’archives, extraits de discours politiques et sa voix, assoit son engagement et assène un véritable coup de poing qui frappe en nous renvoyant à toutes nos réalités. Partant d’une banale histoire de présentation de papiers, la parole délivrée interroge pendant une heure sur la question de l’identité, le tout est servi par un jeu de scène propre à la comédienne. Française, comme tout le monde? Femme, comme tout le monde ? Noire, comme tout le monde ? Non ? C’est l’histoire du désarroi de cette femme qui avait tout fait pour taire sa négrité, ne pas être dépareillée, suivant l’in- jonction de ses parents immigrés martiniquais : «Ici, ne te fais pas remarquer.» Ici, c’est où? C’est chez qui? Est-ce un point fixe ou un mirage? 

Filmographie et bibliographie sélective 

La noireaude (2004) Co-réalisé avec sa sœur Fabienne Kanor La femme qui passe (2010) – Marcel Manville, d’homme
à hommes
(2011) – Combien de solitudes Présence africaine (2013) – Le temps suspendu de Thuram Lansman (2014) – 

Les femmes viennent aussi de Mars (2015) – Les yeux ouverts Cimaron (2018) – Les tôles de la nuit Sépia Ka editions (2018) – Mon rhum à moi (2019) – Eclaboussure Présence africaine (2020) 

Découverte 5 AURÉLIE BAMBUCK et la transmission mémorielle

Après avoir réalisé le documentaire Au nom de nos ancêtres, esclaves et négociants, Aurélie Bambuck, journaliste à France Bleue Aquitaine, vient de cosigner une BD pour la jeunesse, Pacotille, l’enfant esclave : de l’autre côté de l’océan, avec Eric Corbeyran, Olivier Berlion et Christian Favrelle. 

L’idée de cette bande dessinée sur l’esclavage racontée à hauteur d’enfant lui est venue lors de la consultation de son arbre généalogique par lequel elle apprend qu’elle a des ancêtres esclaves. Très attachée à la transmission et à ce que celle-ci peut apporter aux afro-descendants, elle décide d’écrire cette BD pédagogique avec trois autres coauteurs. 

En choisissant d’appeler l’enfant Nzinga, du nom d’origine de la reine qui régna quarante ans sur le royaume du Kongo (actuel Angola), c’est un signe fort envoyé à la jeunesse qui va découvrir cette histoire ramenant à la traite négrière. La petite fille enlevée puis vendue comme esclave en Martinique devient Pacotille, « une marchandise de peu de valeur », qui va connaître les affres de la plantation. Un carnet pédagogique complète cet album. Le tome 2 est en préparation. 

Bibliographie 

Pacotille, l’enfant-esclave. Tome1 : De l’autre côté de l’océan. Jungle (2022) 

Découverte 6 JADE AMORY à hauteur des tout-petits

Décoratrice 3D, diplômée en cinéma d’animation, Jade Amory est également une jeune autrice illustratrice marti- niquaise de 28 ans qui cherche à promouvoir le patrimoine de la Caraïbe à travers ses livres illustrés pour enfants. Il y a trois ans, elle crée le personnage de Noémie qui donne lieu à une collection d’albums jeunesse publiés chez Caraïbéditions. Au fil de ses promenades avec sa famille, Noémie découvre la culture et la nature de nos régions à tra- vers des lieux emblématiques comme la plage du Diamant en Martinique, le Parc des Mamelles et Marie-Galante en Guadeloupe et très prochainement en Guyane.

Ces albums jeunesse riche en couleurs sont aussi l’occa- sion pour les tout-petits de découvrir les fruits et légumes des Antilles. Collection annexe avec des imagiers destinés aux élèves de maternelles. Jade Amory à découvrir sur Instagram

Bibliographie

Chez Caraïbéditions : Noémie au parc des Mamelles (2021) – Noémie à la plage du Diamant (2021) – Noémie présente les légumes des Antilles (2021) – Noémie présente les fruits des Antilles (2021)

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