
Un documentaire, Lisette Malidor, une artiste universelle, met en lumière la célèbre artiste de music-hall martiniquaise également comédienne, qui a reçu la Légion d’honneur le 9 décembre dernier des mains de la ministre de la Culture.
Pour Lisette Malidor, aujourd’hui octogénaire, « il faut faire confiance à la vie, car elle est merveilleuse. » Celle de cette Martiniquaise, exceptionnelle à plus d’un titre, lui a valu de recevoir l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur, le 9 décembre dernier, des mains de la ministre de la Culture, Rachida Dati.
Un moment d’intense émotion qui a rempli de joie la récipiendaire, décorée dans les salons du ministère devant un parterre de personnalités et d’amis, parmi lesquels le producteur Barcha Bauer. Pour lui, cette récompense « est une juste reconnaissance de l’ensemble de sa carrière ». Celle d’une artiste au destin incroyable. De son histoire, Barcha Baeur en a fait un film, Lisette Malidor, une artiste universelle.
Le documentaire, réalisé par Pierre-Yves Hampartzoumian et diffusé pour la première fois en octobre dernier sur Canal + Antilles (1), est une carte blanche offerte à Lisette Malidor dans laquelle elle se raconte depuis son départ de la Martinique à l’âge de 17 ans. Celle qui a grandi à Saint-Joseph dans une famille modeste et nombreuse, a dû quitter son île natale pour aller travailler en métropole. Placée chez des particuliers, notamment un médecin, elle a par la suite intégré une école d’esthéticienne.
« Un monde de folie et de liberté »
C’est dans un salon de coiffure parisien, où elle a trouvé du travail, que son destin bascule quand un client lui propose de vendre des programmes au Casino de Paris, en plus de son emploi de shampooineuse et de manucure. Elle a alors 22 ans.
Dans ce cabaret, Lisette découvre un « monde merveilleux » qu’elle pensait « impénétrable ». Jusqu’au jour où Zizi Jeanmaire et Roland Petit lui proposent de passer une audition pour être mannequin nu. A force de travail, Lisette Malidor y obtient finalement le rôle de meneuse de revue en remplacement de Zizi Jeanmaire. Elle a su imposer son style, qui la mènera ensuite sur la scène du Moulin Rouge, puis des Folies Bergères.
« Quinze ans de music-hall qui l’ont élevée au statut de star », note Barcha Bauer. A l’époque, Lisette Malidor, adulée par les grands couturiers, faisait la Une des magazines. « Et il y avait des affiches d’elle dans tout Paris. »
Mais Lisette Malidor n’est pas seulement une grande artiste de music-hall. Remarquée par un metteur en scène, elle s’est essayée au théâtre dans une pièce de Claudel, La Ville, à la fin des années 70 et a ensuite enchaîné les rôles.
Le cinéma lui a aussi ouvert les bras. L’un de ses plus grands rôles lui a été offert par Jean-Claude Missiaen dans Ronde de nuit (1984), aux côtés de Gérard Lanvin et d’Eddy Mitchell. En tant que comédienne, Lisette Malidor s’est « découverte autrement ».
A travers son documentaire, Barcha Bauer a tenu à rendre hommage à « cette artiste complète », qui bien qu’ayant appris à danser, à chanter et à jouer sur le tard a connu une carrière extraordinaire. « C’est une autodidacte à l’état pur, dotée d’une farouche volonté de se battre et de réussir. Travailleuse, rigoureuse, c’est une femme de combat. Un exemple de courage pour les jeunes générations. »
Isabelle Chevalier
(1) Le documentaire de 52 minutes Lisette Malidor, une artiste universelle est visible en replay sur myCANAL.
Beauté, charisme et simplicité
Barcha Bauer a rencontré Lisette Malidor en 2006, lors du tournage d’un documentaire intitulé Le château de notre mère, Joséphine Baker, dans lequel elle lisait ses correspondances avec la célèbre artiste d’origine américaine, à laquelle on l’a souvent comparée.
« Il y a huit ou neuf ans, je lui avais proposé de faire un biopic sur elle, mais elle n’était pas prête », explique Barcha Bauer, co-fondateur de la maison de production Cinquillo films, basée à Petit-Bourg (Guadeloupe).
Finalement, le projet a pris forme il y a trois ans et le documentaire a été tourné d’octobre 2023 à février 2024. Lisette y apparaît, notamment, en Martinique, à Saint-Joseph, aux côtés de ses frères et sœurs, qui témoignent de son incroyable parcours, de même qu’un certain nombre de personnalités, dont l’acteur Jean-Claude Dreyfus, l’actrice Andréa Ferréol, la metteuse en scène Danielle Ory, le réalisateur Jean-Claude Missiean ou encore Isabelle Rattier, qui l’avait mise en scène dans Les monologues du vagin, au théâtre de Paris en 2005.
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