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JEAN-LUC DEJEAN L’art de la récupération d’un sculpteur hors normes

Jean Luc Dejean
©Jean-Bernard Valcy

Un ka et des mains qui le frappent, c’est l’une des dernières créations de Jean-Luc Dejean. Une commande du Département en hommage à l’école de danse pointoise l’Akadémiduka, garante de la tradition. Une sculpture intégralement en métal, faite de pièces de moteurs soudées, la marque de fabrique de l’artiste. Le sculpteur pointois nous a ouvert les portes de sa maison et de son atelier à ciel ouvert, chemin des Petites Abymes. Là où il a grandi. Chez lui, certaines de ses oeuvres métalliques côtoient des tableaux.

« J’ai commencé par la peinture. J’ai toujours aimé dessiner et je suis un autodi-dacte. » Ses toiles, sur lesquelles il associe acrylique et collages, s’inspirent du travail du peintre cubain Wilfredo Lam. « J’aime la verticalité. » Il y a une quinzaine d’années, Jean-Luc Dejean s’est tourné vers la sculpture, délaissant petit à petit la peinture. « J’ai étudié dans des bouquins pendant un bon moment pour bien maîtriser l’art en trois dimensions. Et j’avoue que ça n’a pas été si facile. »

Depuis, il a réalisé une cinquantaine d’oeuvres dont certaines, monumentales, ont nécessité des mois de travail à l’image de L’Enlèvement des Sabines. Une sculpture de trois mètres de haut visible à l’espace muséal Kreol West Indies, à Saint- François. « Une autre, explique-t-il, représentant le nom de la ville Pointe-à- Pitre, a nécessité neuf mois de travail et trois tonnes de métal pour sa réalisation. J’ai appris la patience ».

DES PIÈCES DE MOTEURS SOUDÉES

Sa matière première (roulements, boulons et rondelles), Jean- Luc Dejean va la chercher dans des casses ou la ramasse au hasard de ses balades. « Dès que je trouve une voiture abandonnée, je fais du stock. » Le corps de la femme caribéenne est son sujet de prédilection. Il a réalisé plusieurs bustes, mais aussi un visage, un combat de coqs, des chiens, la chute d’un chat… « Chaque pièce nécessite des milliers de points de soudure. » Le plus difficile, explique l’artiste, « c’est de donner du mouvement ». Pour cela, il utilise des fers à béton, comme pour les ailes de sa sculpture Combat de coqs. « J’ai même été surpris du résultat, car il y a énormément de mouvement. » Ce qu’il aime dans le métal, « c’est le côté brut, le fait aussi de prendre quelque chose qui ne ressemble à rien et d’en faire une oeuvre d’art ». Et chacune d’entre elles, réalisée avec pour seuls outils un fer à souder et une meuleuse, est unique. « Même si je tentais de la refaire à l’identique, ce ne serait jamais la même. »

Jean-Luc Dejean s’est lancé dans un nouveau projet, avec une tout autre technique. « A partir de tôles de container découpées au fer à souder. » Il les récupère sur des chantiers où il travaille. « C’est en manipulant les tôles que j’ai eu cette idée. » Le sculpteur prépare une exposition sur le thème du visible et de l’invisible, des mythes et légendes de la Guadeloupe. « J’ai déjà une quinzaine d’oeuvres en cours de finition. » Alors que ses autres sculptures étaient brutes, celles-ci seront peintes à la bombe par un graffeur. 

Propos recueillis par Isabelle Chevalier

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