Propos recueillis par Isabelle Chevalier
Depuis qu’il a 7 ans, Rhonald Nemorin, dit Nemo,
vit le mas au rythme des déboulés des groupes à peau.
Des moments magiques qu’il partage en famille et entre amis en se défoulant sur son tambour.
Pour Rhonald Nemorin dit Nemo, « le mas a quelque chose de mystique et de magique »
Rhonald Nemorin, dit Nemo, est musicien dans le groupe à peau Vim.
« Je joue de la basse (gros tambour). C’est le métronome de la musique. »
Pour Nemo, le mas, c’est d’abord une histoire de famille. Il n’a que 7 ans lorsqu’il commence avec son père dans le groupe le Point d’Interrogation.
« Le deuxième groupe de Pointe-à-Pitre à l’époque après Akiyo », se souvient-il. Ses tantes en font aussi partie. Nemo y entre comme fouettard.
« Mais je me suis toujours intéressé à la musique. Mon père était bassiste et quand il était un peu fatigué je prenais son tambour pour rentrer au local. »
C’est comme ça qu’il a tout appris. Grâce à son père, mais aussi à son mentor, Rudy Benjamin, qui était alors le responsable musical du Point d’Interrogation.
Nemo a appris à ses sœurs à jouer de tous les instruments (conque à lambi, tambour chant, basse, contrebasse et solo ou marqueur).
« Le mas et la musique, explique-t-il, cela fait partie de notre ADN. On joue aussi du gwoka. Notre famille est engagée dans la reconnaissance culturelle de la Guadeloupe. »
UNE FAMILLE
Quand son père a quitté le Point, Nemo a fait une petite pause avant de rejoindre Klé la, un autre groupe à peau de Chauvel, à la demande de l’un de ses oncles. Quelques années plus tard, il intégrait Vim, co-fondé par Rudy Benjamin. Il en est même devenu un temps le responsable musical. « J’ai formé des jeunes. »
En 2017, il décide d’intégrer Masko – « avec ma propre couleur musicale » – avant de finalement revenir dans Vim en 2021.
« Jusqu’à aujourd’hui je suis musicien, simple bassiste. »
À la Toussaint, Nemo a repris les répétitions pour préparer la prochaine saison carnavalesque.
« On travaille de nouvelles symphonies, de nouveaux breaks et on revoit les classiques. Plus on s’approche des déboulés, plus les répétitions s’accélèrent. »
Le 1er janvier marquera le début du carnaval. « On courra le premier samedi et le dimanche suivant. Puis tous les dimanches et parfois le samedi. »
Pour Nemo, le mas est un temps de partage et de convivialité.
« Chaque année, on fait des rencontres, on crée de nouveaux liens. C’est une famille. »
Lorsqu’il déboule, Nemo devient un autre personnage.
« C’est un moment de lâcher prise sans frein de la conscience, l’explosion de tous les sens. Le mas, explique-t-il, permet de briser les conventions, de faire passer des messages. C’est un espace d’affirmation, de liberté. » Le musicien est littéralement en transe. « J’ai l’impression d’être possédé, de me reconnecter avec mes ancêtres. C’est quelque chose de mystique et de magique. »