Les Gamal, chorégraphes et danseurs professionnels guadeloupéens, se sont fait un nom dans le milieu du hip-hop.
Les jumeaux Loïck et Emerick Gene reviennent sur leurs débuts et les grandes étapes de leur carrière internationale.
Des fans de bijoux
Les jumeaux ne sortent jamais sans bijoux. Les préférés d’Emerick, ce sont les boucles d’oreilles. « Esthétiquement parlant, ça affine mon style. » Il aime bien les bagues aussi. Comme son frère Loïck, il les préfère en or. « Ça va bien avec mon teint de peau et puis l’or est lié à notre culture. »
Loïck, lui, est plus porté vers les chaînes et les bracelets.
Leurs premiers pas de danse, les Gamal les ont faits en Guadeloupe, où ils ont grandi. « Depuis tout-petits, on a cette âme de danseurs. » À 15 ans, ils s’inscrivent à la School Danse, aux Abymes, où ils prennent des cours de break dance et de LA Style. À l’époque, expliquent-ils, « le hip-hop, c’était le truc à la mode à Washington », le quartier de Pointe-à-Pitre où ils ont vécu jusqu’à leurs 14 ans. Leurs débuts sont laborieux. « On était nuls, au point de vouloir arrêter. » Mais leur père les en dissuade.
« Après on a fait deux ans de modern jazz, à l’école Aïda, à Basse-Terre. Et on est entrés dans un groupe de hip-hop, Rainbow Génération, avec lequel on a participé au Fun Tour. »
Les jumeaux s’inscrivent à leur première compétition, Dance Talent 2012. « C’est là qu’on a trouvé notre nom : les Gamal, étymologie du mot jumeau en hébreu. Écrit sans s à la fin parce qu’on ne fait qu’un. G pour Guadeloupe et Gene. Et Gamal comme timal. » Cette compétition, ils l’ont gagnée et ont enchaîné les victoires : concours régional, concours inter-Caraïbe, concours national…
Le bac en poche, ils décident d’aller en Métropole. « On savait que pour progresser, il fallait partir. » Rapidement, ils arrêtent leurs études. « On s’est mis à fond dans la danse. »
Ils ont 19 ans et veulent vivre leur passion. Ils s’inscrivent à tous les concours chorégraphiques possibles et à l’émission La France a un incroyable talent en 2014. Et c’est la douche froide. « On s’est fait recaler partout… On a eu une grosse remise en question, même si on n’a jamais envisagé d’abandonner la danse. »
UN MONDE DE CONCOURS
Les jumeaux décident alors de s’inscrire à la Tony Maskot School (première école de formation professionnelle de danse hip-hop), à Paris. « On a suivi des cours pendant deux ans (2015-2016), trois jours par semaine. Le reste du temps, on s’entraînait. »
Avec leur nouvelle chorégraphie, Flux sanguins, ils enchaînent les succès à tous les concours de danse auxquels ils participent en France. « Entre 2015 et 2018, on a tout gagné, on a toujours été premiers ! »
En 2018, ils participent à leur première compétition internationale, World of Dance Championship Paris et se qualifient pour la grande finale à Los Angeles où ils remportent la troisième place et le prix du meilleur thème dans leur catégorie. « On était les premiers Français à monter sur le podium de cette compétition. »
En 2020, le duo se lance un nouveau défi : se qualifier à Juste Debout, la plus grande rencontre (battle) internationale de danse hip-hop. Ils sont sélectionnés mais la grande finale n’a finalement pas lieu à cause du Covid. En attendant des jours meilleurs, Loïck et Emerick créent un spectacle de danse Flux sanguins – le pouvoir de la fraternité –. La crise Covid passée, ils reprennent le chemin des concours, puis partent à New York, où ils rencontrent, entre autres, le chanteur Davido. « On a dansé dans l’un de ses clips. » De retour à Paris, ils participent à la Fashion Week 2023. Puis on les retrouve à la Seine Musicale, aux côtés du chanteur Usher, lors de sa tournée européenne.
Cette année, ils sont retournés à New York et à Los Angeles pour donner des cours. Puis, ils sont partis en Suède pour une grande tournée de leur spectacle. Et le Juste Debout a fait son grand retour à Hambourg (Allemagne). Les jumeaux ont atteint les quarts de finale. Et annoncent un retour au pays en fin d’année pour une prestation.
Isabelle Chevalier