Les champignons des ILES

Il y a deux ans, Camille Munoz et Jean-Luc Kantapareddy se sont lancés dans un projet innovant, la culture de champignons au Moule, en Guadeloupe. Leur production de pleurotes connaît un succès grandissant.

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Jean-Bernard Valcy

Comment vous est venue l’idée de cultiver des champignons en Guadeloupe ?
Un jour, nous avons découvert des sortes de coulemelles dans notre jardin. Avec notre fils, Pablo, nous avons suivi leur développement. Il a dessiné « la fabrique de champignons de papa et maman ». Et ça a fait tilt. On était en transition professionnelle et on s’est dit que c’était une super idée. En plus, on est fan de champignons. On s’est renseigné pour savoir si on pouvait faire ça ici et on a vu que ça existait déjà en Martinique. C’est comme ça que nous avons créé Mangez-moi – Le champignon des îles.

Pourquoi le choix des pleurotes ?
Certaines variétés de pleurotes poussent sous nos latitudes (28 à 30°C) et sont donc adaptées au climat des Antilles. Il y en a même qui sont endémiques en Guadeloupe. On les trouve surtout en Grande-Terre, sur des souches de poirier par exemple.

Quelles variétés de pleurotes faites-vous pousser et où les cultivez-vous ?
On a installé notre laboratoire dans un container au fond du jardin. C’est là que se fait l’incubation. Et dans un autre, s’opère la fructification. On a commandé les souches dans un laboratoire en Belgique : une variété originaire de Floride (Florida) et une autre d’Inde (Sajor Caju). Nous n’utilisons pas de pesticides et nous veillons à réduire au maximum notre impact environnemental. Pour nous, c’est essentiel.

Où en est votre production aujourd’hui et qui sont vos clients ?
Nous avons eu notre première récolte en novembre 2022. Au début, on produisait une cinquantaine de kilos par mois et nos clients étaient surtout des particuliers et quelques restaurants. Actuellement, ça varie entre 150 et 200 kilos et depuis un an, nos clients sont essentiellement des restaurateurs, quelques chefs aussi. Et depuis peu, on vend également des pleurotes à quelques enseignes de produits gourmets qui les proposent en sachets de 250 g.

Quels retours avez-vous de votre clientèle, les pleurotes sont-ils à leur goût ?
On est fiers de ce qu’on a créé et on a la reconnaissance des clients, qui sont satisfaits du produit. Déjà, il est beau. Il ressemble à un bouquet de fleurs. Et il se marie avec tout, viande et poisson. Le goût se rapproche du poulet ou des crustacés.

Envisagez-vous d’accroître la production et de cultiver d’autres variétés ?
Pour l’instant, cela reste une production artisanale, mais on réfléchit à s’agrandir. Dans la structure actuelle, on peut encore augmenter un peu le volume de production. À l’avenir, on aimerait cultiver du shiitake, qui a une texture plus boisée et dont les conditions de culture se rapprochent de celles du pleurote. On pense aussi à de la crinière de lion, une grosse boule blanche qui ressemble à un chou-fleur. Ça a le goût de homard et ça se cuisine en steak.

Pensez-vous que les champignons, c’est l’avenir ?
On en est convaincus. C’est un aliment très riche en protéines qui peut remplacer la viande. Et les champignons ont des effets bénéfiques sur la santé. Le pleurote, par exemple, est utilisé pour réduire les troubles intestinaux, le cholestérol et il est anti-oxydant. En Asie, les champignons sont employés pour soigner. Ils peuvent également aider à dépolluer les sols (les enzymes cassent les polluants). Et avec le mycélium (dont le champignon est le fruit), on peut même fabriquer des matériaux, comme des panneaux isolants, des textiles, du cuir… Le potentiel est énorme. Le monde des champignons, c’est magique.

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Une culture très rapide
Après la fabrication de la semence, on obtient le blanc de champignon. Il faut alors compter trois semaines entre les phases d’ensemencement, d’incubation et de fructification du substrat (bagasse), avant d’obtenir la récolte de pleurotes. « C’est une culture très rapide. Et comme elle se fait en container, elle est à l’abri des risques climatiques », explique Camille Munoz. Des aléas sont cependant possibles, comme une coupure d’électricité ou la contamination par une moisissure.

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