L’or noir de guyane le wassai

Sabrina François Vincent L'or noir de guyane le wassai

Sabrina François-Vincent, créatrice du blog culinaire Ti Molokoy, nous parle de son goût pour ce fruit endémique de la forêt amazonienne et de sa passion pour la cuisine guyanaise.

Que représente le wassaï pour vous ?

Souffrant d’anémie, j’en consomme énormément car c’est un fruit très riche en fer et en vitamines, un vrai booster. Même si je réside aujourd’hui dans l’Hexagone, je m’en fais toujours ramener par des proches. Il y en a bien sûr en métropole mais je le trouve trop délayé. C’est un aliment que je recommande car il peut faire office de plat, de boisson et de dessert. Il permet une grande variété de recettes. J’aime le consommer le matin en milk-shake avec de l’eau de coco. On peut aussi le proposer salé, en entrée, en accompagnement de viande ou bien servi frais avec du couac (semoule de manioc ) et du poisson salé, notamment lors du Carême. C’est le plat typique des Guyanais à cette période de l’année. Il se déguste également frais sous forme de jus pressé. Pour Noël, j’ai imaginé une buche coco wassaï. Les deux saveurs s’accordent très bien. 

Depuis quand cuisinez-vous ?

– Depuis l’âge de 8 ans. Ma mère était cuisinière et m’a transmis son savoir. Avec elle et ma tante, j’ai appris à tester, à allier les saveurs, à rater, à essayer de nouveau jusqu’à obtenir la texture et le goût souhaités. Aujourd’hui, je partage mon expérience et mes recettes avec ma fille et ma communauté ! 

Comment est née l’idée du site Ti Molokoy ?

– J’ai quitté la Guyane à l’âge de 19 ans. Même si j’y reviens régulièrement pour voir ma famille et me ressourcer, j’ai besoin de garder le contact avec ma terre natale et ce contact se fait à travers la cuisine. J’ai décidé de créer un blog en 2018, après que des amis m’ont demandé de leur donner telle ou telle recette. Ce blog est aussi une façon de partager avec d’autres Guyanais expatriés et des amateurs de cuisine exotique les recettes créoles traditionnelles et modernes qui s’inspirent de notre territoire. Alors qu’on trouve la plupart de nos ingrédients en métropole, je me suis aperçue que beaucoup de natifs, loin de leur famille, ne savaient pas comment cuisiner guyanais. Pour la petite histoire, Ti Molokoy, en Guyane, est le nom d’un petit biscuit traditionnel en forme de bâtonnet que l’on déguste sucré pour le goûter ou salé en amuse-bouche. C’est aussi comme cela que j’appelais ma fille quand elle était petite. 

Sabrina François Vincent L'or noir de guyane le wassai

Délicieux et excellent pour la santé, le wassaï est une richesse agroforestière de premier plan en Guyane.

METTRE EN VALEUR LES SAVEURS DE LA CUISINE GUYANAISE

Quelle type de cuisine proposez-vous ?

– Ma cuisine est le reflet de la Guyane qui se compose d’une population très métissée. La richesse et la diversité des cultures se retrouvent dans notre gastronomie. Ti Molokoy est un concentré de recettes créoles et exotiques, typiques et contemporaines inspirées de la Guyane et d’ailleurs. 

Vous avez 17 000 followers sur Instagram et 16 000 sur Facebook, c’est beaucoup !

– Ce n’est pas énorme comparé à d’autres ! Aux Antilles, il y a plein de sites culinaires, en Guyane, il n’y avait rien. Je ne cherche pas à vivre de mon blog. Mon souhait est de mettre en valeur nos saveurs et de permettre à tous, même loin de la Guyane, de cuisiner guyanais !

Cuisinez-vous guyanais au quotidien ?

– Je n’ai plus le temps de cuisiner comme avant. Je prépare le week-end tous les plats de la semaine à venir. Mais ma cuisine garde des influences exotiques. Il y a toujours un rappel : une touche de gingembre, de combava, des haricots rouges… Quand je peux, je prépare un calou. C’est notre plat préféré à la maison ! C’est un met originaire d’Afrique à base de viande boucanée, de crustacés (crabes, crevettes), de feuilles d’épinards et de calous (gombos). ■ 

Fruit du palmier pinot*

le wassaï est une petite baie de couleur pourpre à noire, ressemblant étrangement au grain d’un raisin ou une myrtille. Son parfum très particulier rappelle celui du chocolat. Les pinotières (plantations naturelles de palmiers) existent à l’état endémique en Guyane et au Brésil. Réputée pour ses propriétés anti-oxydantes et énergétiques, la baie du wassaï nourrit, comme d’autres fruits de palmiers, les peuples de la forêt amazonienne depuis des siècles. Entre la pulpe et son noyau, ce superaliment permet la réalisation de multiples produits dérivés – poudre, farine, huile, jus, etc. – devenus très populaires en Europe et aux Etats-Unis. En Guyane, plusieurs projets de développement de cette filière sont en cours. 

Pour les fêtes, retrouvez, notamment, la recette de la buche au wassaï sur le site www.timolokoy.com

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